Et ça continue (la suite)

L'entretien que j'ai passé m'a tellement démotivée que j'ai mis du temps à le digérer et à vous le raconter..
Passé le blablabla habituel, les études, les expériences professionnelles..On passa au vif du sujet:
Comble de l'ironie, la demoiselle chargée du recrutement, qui parle un français approximatif, m'a demandé de patienter dans une salle d'attente pour passer les tests..
Je m'attendais à un test psycho-technique ou quelque chose du genre..
Mais non, pas du tout, je devais passer une dictée, et ensuite faire de la lecture (le texte qu'on devait lire est tiré d'un manuel de lecture de l'école primaire..)
Je me suis sentie humiliée, ridiculisée, faire 18 ans d'études pour enfin passer des tests de lecture et de dictée, malla jaw!
Je me suis efforcée de garder mon calme, de me retenir et de prendre la chose au second degré..
J'ai toujours aimé la dictée quand j'étais une petite écolière, je me suis dis que ça va me rappeler des souvenirs..
Et effectivement, c'est ce qui s'est passé, mes voisins de table me demandaient l'orthographe de certains mots, et famma chkoun 7atta yna9lou 3leya:))
Je vous rappelle que ces candidats sont sensés avoir un diplôme d'enseignement supérieur!
Je trouve plus quoi dire..faut-il blamer ces centres d'appel qui font passer aux gens des tests de lecture ou de dictée? certains candidats diplômés dont le niveau ne cesse de baisser? ou bien le système tout entier?
Ce ci dit une chose est sure, moi je ne mettrais plus jamais les pieds dans un centre d'appel!


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Et ça continue..

Après avoir envoyé des dizaines de CV, fait plusieurs démarches..je commence un peu à désespérer de trouver un emploi qui correspond à mon niveau d'études ou qui me corresponde tout simplement..Et parceque je déteste passer l'été sans rien faire, que l'oisiveté commence un peu à me peser, et que j'ai de plus en plus honte de demander de l'argent de poche à mes parents, j'ai décidé de passer un entretien dans un centre d'appel..
A vrai dire,travailler comme téléopérateur n'est pas le plus épanouissant des métiers:
Avoir un casque collé à l'oreille à longueur de journée, répéter inlassablement un long script avec une très forte probabilité de se faire insulter au tel ou bien se faire raccrocher au nez, avoir un temps de pause très infime, avoir un contremaitre (superviseur pour les intimes:) sur le dos, stresser pour des objectifs, travailler jusqu'à 48H/semaine et tout ça pour un salaire de misère..
Mais bon, ce qui m'a encouragé le plus à tenter ma chance dans ce centre d'appel c'est la proximité, en plus tourner en rond n'est pas très agréable non plus..alors autant bosser..
Bref, on m'a fixé un rendez vous pour un entretien à 10h et me voilà tassée avec une trentaine d'autres candidats dans une salle d'à peine 20 mètres carrés..
Fini les tenues sexy, jean baskets (souvent chleka) sont de mises..
Les minutes défilaient de plus en plus lentement, tout le monde regardait tout le monde (de toute façon on n'avait pas le choix l'espace très réduit ne permettait pas autre chose), l'ambiance commençant de plus en plus à se détendre, j'entrepris une petite discussion avec certains candidats..
Rim, Walid, Emna et Lotfi..
Emna diplômée d'une grande école de commerce a enchainé les petits boulots, n'arrivant toujours pas à décrocher un emploi stable et à la hauteur de ses espérances, elle s'est tournée vers les centres d'appels..Le dernier en date a fermé ses portes, les patrons, malgré un résultat largement bénéficiaire, ont jugé qu'il était plus juteux de délocaliser au Maroc..
Walid a toujours travaillé dans les centres d'appel, au point qu'il a abandonné ses études pour se consacrer totalement à cette activité, il a même occupé un poste de responsabilité dans l'un d'entre eux..hélas, il est tombé entre les mains de patrons très peu scrupuleux: ils l'ont exploité, il travaillait 7j/7, 10h/j sans être comptabilisées comme heures supplémentaires, ils lui fixaient des objectifs irréalisables et le sanctionnaient pour tout objectif non atteint, il était même pénalisé pour tout retard commis par l'un de ses opérateurs..bref, ne pouvant plus travailler dans de telles conditions il a claqué la porte en espérant trouver quelque chose de mieux ailleurs..
Lotfi, lui vient de loin, de très loin même, il a pris un bus et deux trains (croyez moi je fais pas dans l'exagération) pour arriver à ce centre d'appel..il n'a aucune idée de ce que c'est mais il en a eu marre du chômage, du café du coin et du Rami..Il garde un très bon accent de son petit séjour passé clandestinement en France, alors on lui a conseillé de tenter sa chance dans un centre d'appel, alors il est venu..
La petite Rim quant à elle vient tout juste de passer son bac..j'étais vraiment admirative devant cette jeune fille pleine de volonté et de bon sens..Elle m'a parlé du Bac, elle m'a dit que c'était très facile et que ça n'a rien à voir avec les Bac d'avant..J'étais étonnée de la voir ici, les jeunes de son âge que je connais sont soit à la plage, soit entrain de regarder la télé..Elle m'a expliqué qu'elle était la plus jeune de ses frères et soeurs, son grand frère, ingénieur en génie civile est longtemps resté au chômage avant de partir en Suède, sa soeur ainée ingénieur en biochimie a peiné avant de trouver un boulot (parceque maintenant on préfère recruter des techniciens supérieurs qui coûtent moins chers que les ingénieurs)mais maintenant elle s'est mariée et elle vit au Canada..Elle m'a dit sagement que de toute façon, on a beau avoir tous les diplômes du monde, ça sert plus vraiment à grand chose..c'est pour ça qu'elle veut avoir le maximum d'expériences, connaitre du monde..que toute expérience ne peut que l'enrichir, qu'elle était même prête à travailler comme serveuse et qu'elle comprend pas pourquoi c'est mal vu en Tunisie contrairement à l'étranger..
Chaque candidat présent à cet entretien avait sa propre histoire, son propre parcours et ses propres espérances..Mais tous avons un seul but: trouver un job à la hauteur de nos qualifications, de notre savoir faire, et rémunéré de la sorte..Est-ce trop demandé?
La porte s'ouvrit pour la nième fois:
"Mademoiselle Marsoise? Veillez me suivre svp"


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Lorsqu'on touche le fond..

Suite à une annonce dans un journal, je suis allée à un entretien d'embauche dans un luxueux bureau aux berges du Lac..
Je suis arrivée un peu en retard, ce qui m'a permis de voir toutes les candidates présentes qui postulaient pour ce poste..
Je me suis sentie très gênée et mal à l'aise..elles étaient presque toutes en tenue sexy, limite vulgaire: mini jupes, talons hauts et décolleté généreux..Je me suis demandée si je m'étais pas présentée au casting de "La Nouvelle Star" au lieu de mon entretien pour "jeune cadre financier" ..
Prise de panique, j'interrogea la fille qui m'a accueilli et m'a confirmé que j'étais à la bonne adresse..Décidemment le tailleur n'est plus de rigueur, un autre signe de modernité à la tunisienne me dirais-je..
Soudain, la porte s'ouvrit, et un homme au gros, mais vraiment gros ventre apparut!
C'était un homme du genre "hussein aljasmi", le mec qui a fait la reprise de "wak dilali", il portait une "kachta" et la robe blanche que portent les hommes des pays du golf (en fait ça s'appelle comment?)
Mais que fait ce type ici? la réceptionniste m'a dit qu'en fait c'est un homme d'affaire et il recrute des filles et uniquement des filles (dra 3lech!) pour différentes fonctions aux Emirats Arabes Unis..Mais je lui ai dit que l'annonce ne mentionnait rien de ce genre, elle m'a expliqué que c'était fait exprès sinon y'aurait eu des milliers de demandes et même des filles qui avaient un emploi ici voudraient aussi tenter leur chance au pays de l'or noir..
Et là j'ai même pas eu le temps de réfléchir puisque un spectacle désolant s'offrit à mes yeux:
Les filles n'arrêtaient pas de "bouger" dans tous les sens, elles parlaient avec le recruteur en libanais de variétés TV, elles se croyaient dans un show à la LBC, elles ricanaient à haute voix, et jouaient à qui s'attirait le plus d'attention du gérant..Je me suis pas sentie pas à ma place..je partis..

C'est bizarre mais je sens à la fois de la haine et de la compassion pour ces filles..
Que faire lorsqu'on a fait des études, que le temps passe et qu'on trouve toujours pas de boulot?
Les pressions familiales, sociales s'accentuent..(ti 3lech nsa3bou fiha, ya des cas ou trouver un emploi est vital et c'est une question de survie..)
Que faire? attendre sagement que son tour arrive (on peut attendre toute la vie dans ce cas) se faire exploiter pour un salaire de misère (9alek IDE..) ou rêver de l'eldorado aux pays du golf et tous les moyens sont bons pour y parvenir??
On dit "maylezzek lelmor ken illi amar minnou" et "illi amar minnou" est de nos jours disponible en quantités abondantes..

Avant de bloguer pour un Maghreb uni, pour la liberté de l'expression, ou pour la laïcité, moi j'ai décidé de bloguer contre le chômage, l'injustice et l'exploitation des jeunes diplômés et ça ne sera pas dans le cadre d'une journée unique, non ça sera à chaque fois que l'occasion se présente, et à chaque post s'il le faut (quitte à me taxer de kharnéna:)


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